sábado, 30 de mayo de 2015

Broder pour quelqu’un

C’est l’impuissance qui me pousse dehors pour crier dans les rues à l’injustice et à l’impunité. Mais après avoir marché, le trouble et le mécontentement persistent. Mes pieds sont fatigués, cependant, mes mains se sentent légères. Je ne sais pas broder, mais je me lance à broder pour une cause.

La cause ne pouvait pas être plus terrible : quelqu’un n’est plus là, il/elle nous manque. Quelqu’un a été arraché de son entourage par force. Il ne s’agit pas d’un seul absent... il devient des milliers. Mon pays est rempli d’absences au point que nous n’arrivons plus à les compter, ni à nous en rappeler, puisque la tragédie du jour arrive et recouvre la tragédie d’hier.

C’est ainsi que je brode. L’aiguille relie mon indignation à mes bons vœux. Chaque broderie est la prise de connaissance et un rappel de cette absence. Un nom fait en fil représente l’agonie des familles entières. Il matérialise ma peine pour cette terre que je ressens toujours comme un chez-moi. Avec le même fil qui brode les noms, nous faisons tant une dénonce, qu’une narration honnête et collective qui attire à ceux qui y sont sensibles et à ceux qui souffrent. Je brode, mais je ne suis pas toute seule. Chaque point brodé est collectif. Nous brodons pour ne pas oublier.

miércoles, 27 de mayo de 2015

8 meses desaparecidos




43 nombres bordados en un pañuelo. 43 ausencias que aún nos duelen. A ocho meses de su desaparición forzada seguimos exigiendo su aparición con vida.
¡Vivos se los llevaron, vivos los queremos!

43 names embroidered in handkerchiefs. 43 missing students whose absence still aches. Eight months after their forced disappearance, we're still demanding they be brought back alive.
They took them alive, alive we want them back!

43 noms brodés sur des mouchoirs. 43 absences dont on souffre toujours. Après huit mois de leur disparition forcée, on exige leur présentation vivants.
Ils les ont pris vivants, nous les voulons vivants!


martes, 19 de mayo de 2015

Je brode...

Parce que cet acte légal, inoffensif et collectif est un espace de rencontre avec d’autres personnes engagées.

Parce que nos mouchoirs témoignent de la douleur au Mexique. Ce sont des outils de communication, de transmission de la mémoire et de prise de conscience.

Broder est pour moi également une forme de lutte contre l’oubli et l’indifférence que nous avons souvent montré face à la politique de terreur du gouvernement.


Je brode, ici et partout ailleurs pour que le gouvernement mexicain ne puisse jamais oublier que nous sommes là, que la limite a été atteinte et nous n'accepterons pas une tragédie de plus, que nous sommes organisés, mobilisés et prêts à lutter pour que ces histoires brodées ne se reproduisent plus jamais. 

Yo bordo...

Porque ese acto legal, inofensivo y colectivo me ha permitido encontrar a grandes compañer@s de lucha.

Porque nuestros pañuelos testimonian en el extranjero sobre el dolor de México y son una herramienta de comunicación, de memoria y de creación de conciencia.

Bordo también como una lucha contra el olvido y la indiferencia que durante años hemos mostrado como pueblo ante la política de terror que nos gobierna.


Bordo y seguiré bordando aquí y en todas partes para que el gobierno, con todos sus niveles de autoridad, nunca olvide que aquí estamos, conscientes y hartos, y que estamos organizados, movilizados y dispuestos a luchar porque cada historia bordada no se repita más.


Embroidering for Someone

Helplessness makes me go out to the streets to yell to injustice and impunity. But, after the demonstration, dissatisfaction and unrest are still there. My feet are tired, but my hands feel light. I do not know how to do it, but I join to the task of embroidering for something.

The cause could not be more terrible: someone is not there, someone is missing. Someone has been torn off its environment by force… And that Someone multiplies by tens of thousands. My country is plagued by absences we’re not even able to count or recall, for daily tragedies come and cover yesterday’s tragedy.


Then, I embroider. The needle bounds my indignation with my good wishes. Each embroidery is the acknowledgement and reminder of that absence. A name made out of thread represents the agony of whole families, while it materializes my sorrow for that land which still feels like home. And with this same thread not only one can denunciate; but a joint honest narrative is built, one that brings closer together those who hurt and those who care: I embroider, but not on my own. Ours are collective stitches. We embroider so we do not forget.


lunes, 18 de mayo de 2015

Bordar por Alguien

La impotencia me hace salir a la calle a gritar por la injusticia y la impunidad. Pero, pasada la marcha, la inconformidad y el desasosiego siguen ahí. Mis pies están cansados, pero mis manos se sienten ligeras. No sé hacerlo, pero me uno a la tarea de bordar por algo.

La causa no podría ser más terrible: alguien ya no está, alguien hace falta. Alguien ha sido arrancado a la fuerza de su entorno… Y ese Alguien se multiplica por decenas de miles. Mi país está plagado de ausencias que no logramos siquiera contabilizar ni recordar, porque una tragedia diaria viene y cubre a la tragedia de ayer. 

Entonces, bordo. La aguja enlaza mi indignación y mis buenos deseos. Cada bordado es el reconocimiento y recordatorio de esa ausencia. Un nombre hecho de hilo representa la agonía de familias enteras, al mismo tiempo que materializa mi pena por esa tierra que sigo sintiendo como un hogar. Con ese mismo hilo no solo se denuncia, también se construye una narrativa honesta y conjunta que acerca a quien se interesa y a quien le duele; bordo, pero no estoy sola. Las nuestras son puntadas colectivas. Bordamos para no olvidar.



Pourquoi je brode?


Ça fait des millénaires que les femmes du peuple Aïnou brodent les mêmes motifs géométriques dans leurs habits. Broder c’est, pour elles, une activité religieuse dont chaque point représente une “oraison des femmes” (onnatachi no inori). Elles brodent pour protéger leurs proches des mauvais esprits qui guettent leurs familles: les maladies, la misère et la marginalisation. Quand on parle d’activité religieuse il faut penser au sens premier du terme : re- intensément et ligare- lier. Dans la broderie les femmes Aïnous se relient entre elles ; elles se relient aussi avec sa famille à laquelle elles protègent et elles se relient avec le kamui (esprit divin) qui est partout.
Quand je brode les noms des victimes de la violence au Mexique je me relie avec elles. Je me relie avec leur souffrance quand elles sont mortes ou avec l’incertitude de sa disparition. Je me relie avec les familles qui au moment de chercher leurs proches qui sont disparus ou d’exiger justice pour leurs morts  veulent seulement, comme les femmes Aïnous, de leur protéger.
Je me relie aussi avec moi même, moi qui habite dans ce pays déchiré, moi qui ne comprends pas tout ce sang versé, moi qui ne sait pas comment assimiler toute cette douleur quotidienne. Mes points sont des onnatachi no inori, des oraisons pour l’apparition vivantes des personnes disparues.
Les terres du peuple Aïnou ont été annexées au Japon dans le XIXème siècle. À ce moment les femmes ont aussi brodé  pour conserver la mémoire identitaire de leur peuple qui perdait peu à peu sa langue et ses habitudes.  Dans cet aspect, je vois aussi ma broderie reflétée dans la leur : je brode pour la mémoire. Les photos s’oublient ; les images des informations à la TV s’éteignent la nuit ; dans les réseaux sociaux la photo de la personne disparue qui sa famille cherche s’effondre sous le poids des tonnes d’information. Face au caractère éphémère de la mémoire actuelle, face à l’avalanche des faits statistiques, je brode. 
Face à la douleur, je brode. Face à l’oubli, je brode. 
Pour moi, pour eux, pour leurs familles, je brode.



¿Por qué bordo?


Las mujeres del pueblo ainu bordan desde hace milenios los mismos motivos geométricos en sus trajes. Bordar es para ellas una actividad religiosa en la que cada puntada representa una “oración de las mujeres” (onnatachi no inori). Bordan para proteger a sus seres queridos de los espíritus malignos que acechan a la familia: las enfermedades, la pobreza y la marginación. Cuando se habla de actividad religiosa debe pensarse en el sentido primario del término: re- intensamente ligare- atar, amarrar, unir. En el acto del bordado las mujeres ainu se amarran entre ellas, se amarran a su familia a la que protegen y se amarran al kamui (espíritu divino) que yace en todo.
Cuando bordo los nombres de las víctimas de la violencia en México me estoy amarrando a ellas, a su sufrimiento cuando murieron, a la incertidumbre de su desaparición. Me estoy amarrando a las familias que al buscar a sus desaparecidos o pedir justicia por sus muertos sólo desean, como las mujeres ainu, protegerlos. Me estoy amarrando a mí misma: a mí que vivo en un país desgarrado, que no comprendo tanta sangre, que no sé cómo asimilar tanto dolor cotidiano. Mis puntadas son onnatachi no inori, oraciones por las familias de los asesinados, oraciones por la aparición con vida de los desaparecidos.
Las tierras del pueblo ainu fueron anexadas a Japón en el siglo XIX. Entonces las mujeres bordaron también para mantener la memoria identitaria de su pueblo que poco a poco perdía su lengua y sus costumbres. También en eso veo mi bordado reflejado en el suyo: bordo por la memoria. Las fotos se olvidan; las imágenes de los noticieros se apagan en la noche; en las redes sociales la foto de un desaparecido al que busca su familia se hunde bajo toneladas de información. Ante lo efímero de la memoria actual, ante la avalancha de datos estadísticos, yo bordo. 
Ante el dolor, bordo. Ante el olvido, bordo. 
Por mí, por ellos, por sus familias, bordo.


Bordamos

Bordamos en pañuelos blancos los nombres de las victimas de la violencia en México. Esos pañuelos constituyen la memoria y materializan nuestra indignacion.
Bordamos por la justicia y por la memoria.
Bordamos por la paz.