sábado, 30 de mayo de 2015

Broder pour quelqu’un

C’est l’impuissance qui me pousse dehors pour crier dans les rues à l’injustice et à l’impunité. Mais après avoir marché, le trouble et le mécontentement persistent. Mes pieds sont fatigués, cependant, mes mains se sentent légères. Je ne sais pas broder, mais je me lance à broder pour une cause.

La cause ne pouvait pas être plus terrible : quelqu’un n’est plus là, il/elle nous manque. Quelqu’un a été arraché de son entourage par force. Il ne s’agit pas d’un seul absent... il devient des milliers. Mon pays est rempli d’absences au point que nous n’arrivons plus à les compter, ni à nous en rappeler, puisque la tragédie du jour arrive et recouvre la tragédie d’hier.

C’est ainsi que je brode. L’aiguille relie mon indignation à mes bons vœux. Chaque broderie est la prise de connaissance et un rappel de cette absence. Un nom fait en fil représente l’agonie des familles entières. Il matérialise ma peine pour cette terre que je ressens toujours comme un chez-moi. Avec le même fil qui brode les noms, nous faisons tant une dénonce, qu’une narration honnête et collective qui attire à ceux qui y sont sensibles et à ceux qui souffrent. Je brode, mais je ne suis pas toute seule. Chaque point brodé est collectif. Nous brodons pour ne pas oublier.

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